Et si on « phosphorait » ?

Depuis la nuit des temps, la richesse en phosphore de nos os en fait un allier précieux de la fertilisation des sols. Nos amis anglais ont indigné le grand égyptologue François Mariette en important des momies égyptiennes de chat afin d’épandre de la poudre d’os sur leurs vertes prairies. Avec ses compatriotes, l’azote et le potassium, le phosphore est un élément indispensable à la vie, sans qui rien ne pousse dans nos champs. Or GROS problème : en devenant le meilleur ami de l’industrie agro-alimentaire intensive il est passé du côté obscur de la force !

Et cela doit nous faire « phosporer » car derrière le mot intensif se cache, de manière vicieuse, une catastrophe écologique :

  • La demande croissante des engrais phosphatés, boostée par l’agriculture intensive, a considérablement amenuisé les ressources naturelles.

  • L’utilisation en quantité trop importante de ces engrais sur les sols agricoles avec pour objectif, encore et toujours, le rendement maximal, a contribué à créer un stock de phosphore « qui n'est pas forcément sous une forme utilisable par les plantes » explique Julien Némery, enseignant chercheur à l'Institut des Géosciences de l'environnement.

  • Ce phosphore en excès, fixé sur les particules du sol, est transporté par le système naturel de l’érosion vers les cours d’eau. Et là GROS GROS problème : il s'accapare tout l'oxygène disponible dans l'eau et favorise ainsi le développement totalement anarchique des algues vertes. D’ami du vivant, le phosphore devient alors polluant destructeur. Une histoire de Dr Jekyll et Mr Hyde dont nous sommes totalement responsables par nos recherches incessantes de toujours plus de profit.

  • L’industrie adore aussi le phosphore qui ajoute à ses nombreuses qualités celui d’être un détergent efficace dans nos lessives et autres liquides ménagers que nous utilisons sans compter pour notre petit confort quotidien..

Face à ces alarmants phénomènes, des scientifiques cherchent toutefois des solutions. Et c’est dans notre cuvette des WC que naissent des réponses ! Bonne nouvelle : nos « pipis, cacas » quotidiens sont en effet riches en phosphore !  Les stations d’épuration mettent en place aujourd’hui des procédés technologiques pour récupérer un maximum ce minéral des eaux usées avant leur rejet. Mais c’est à la source, c’est dire directement dans nos toilettes, que les expériences se multiplient sur tous les continents en vue de séparer les urines et les matières fécales et de les transformer localement : toilettes sèches ou à double flux, urinoirs mobiles...nos ingénieurs se penchent sur nos cuvettes !

Espérons qu’ils ne tombent pas dedans avant que les ressources de phosphore aient, quant à elles, définitivement chuté !!

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Il était une Forêt…